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Björk ne veut pas que la crise coule son île

L’Islande, en proie à une crise économique sans précédent, envisage d’autoriser la construction de deux hauts-fourneaux et de barrages pour les alimenter. La chanteuse estime que ce projet fragiliserait la nature et la stabilité du pays.

Interview de Björk [Guðmundsdóttir]:
Après dix-huit mois de tournée, j’étais très heureuse, il y a quelques semaines, de rentrer chez moi de retrouver le bon vieux sol islandais et de retrouver un peu de stabilité. J’avais donné un concert en Islande quelque temps plus tôt [fin juin] pour sensibiliser l’opinion publique sur les questions environnementales et 10 % de la population y avait assisté. Mais j’avais l’impression que ce n’était pas suffisant.

La principale ressource de l’Islande a longtemps été la pêche, mais, lorsque cette activité est devenue moins rentable, les gens ont commencé à chercher d’autres moyens de gagner leur vie. Les conservateurs au pouvoir ont pensé qu’exploiter l’énergie naturelle de notre pays pour la vendre à des géants industriels comme Alcoa et Rio Tinto résoudrait le problème. Aujourd’hui, nous avons trois hauts-fourneaux pour produire de l’aluminium, les plus grands d’Europe, et il est question d’en construire deux de plus dans les trois prochaines années. Ces usines auront besoin d’énergie, et celle-ci devra être produite par de nouvelles centrales géothermiques et de nouveaux barrages, dont la construction défigurera notre beau paysage naturel.

Beaucoup d’Islandais s’opposent à la construction de ces hauts-fourneaux. Ils préfèrent continuer à créer des entreprises plus petites, qui leur appartiennent, et garder l’argent qu’ils gagnent. Ils se battent beaucoup pour cela. Ils ont notamment obtenu que le ministre de l’Environnement demande pour la première fois la réalisation d’une étude d’impact environnemental avant la construction de tout nouveau barrage ou haut-fourneau.

Puis la crise économique s’est abattue sur le pays. Les jeunes familles vivent sous la menace de perdre leur maison, et les plus âgés leur retraite. C’est une catastrophe. Il y a aussi beaucoup de colère. Les six principales sociétés de capital-risque du pays sont conspuées dans la rue, à la télévision et à la radio. Des voix furieuses exigent qu’elles vendent tous leurs avoirs et donnent l’argent à la nation. Nous avons appris que certains individus avaient emprunté des sommes colossales et les avaient emportées à l’étranger sans que les Islandais en soient informés. Et aujourd’hui c’est le pays qui doit les rembourser.

Ce qui met les gens en colère, c’est que ceux qui nous ont mis dans cette situation sont les mêmes que ceux qui essaient maintenant de nous en sortir. Beaucoup veulent que les actuels responsables politiques démissionnent et en laissent d’autres faire le ménage. Les critiques visent principalement Davíd Oddsson, qui s’est autodésigné président de la Banque centrale après dix-neuf ans au poste de maire de Reykjavík et treize ans à celui de Premier ministre [1991-2004]. La foule se rassemble dans le centre de Reykjavík une fois par semaine pour demander sa démission.

Miser sur le développement durable

D’habitude, je ne me préoccupe pas de politique. Je coule des jours heureux dans le monde de la musique. Mais je m’implique aujourd’hui parce que les politiciens semblent décidés à détruire la nature islandaise. J’ai lu la semaine dernière que, en raison de la crise, des députés islandais exerçaient des pressions pour passer outre l’étude d’impact environnemental et construire les barrages aussi vite que possible, afin de fournir à Alcoa et à Rio Tinto l’énergie dont ils ont besoin pour les deux nouvelles usines de production d’aluminium.
L’Islande est un petit pays. Nous avons raté le train de la révolution industrielle et j’espérais que nous sauterions complètement ce chapitre pour passer directement à des activités de pointe inscrites dans le développement durable. Avec ses bassins naturels d’eau chaude sur tout son territoire et sa nature pratiquement vierge (jusqu’à présent), l’Islande pourrait aisément devenir un grand spa de luxe où les gens viendraient soigner leurs blessures et se détendre… si le gouvernement décidait de consacrer son argent à soutenir ces projets plutôt qu’à servir Alcoa et Rio Tinto.

Il est important d’être souple: nous allons devoir vivre avec les trois hauts-fourneaux qui sont déjà là et essayer de les rendre moins polluants. Mais avons-nous besoin de cinq ? L’expérience nous a montré que placer tous nos œufs dans le même panier était beaucoup trop risqué, comme nous l’avons découvert lorsque nous tirions 70 % de nos revenus de la pêche. Aujourd’hui, nous sommes face à un désastre parce que nous avons tout misé sur la finance. Si nous construisons deux autres hauts-fourneaux, l’Islande deviendra la plus grande aluminerie du monde et ne sera plus connue que pour cela. Et, si le prix de l’aluminium vient à baisser – comme maintenant –, ce sera la catastrophe.

L’Islande peut être plus indépendante et plus créative, et continuer à avoir une démarche plus ancrée dans le XXIe siècle que dans le XIXe. Elle peut construire des barrages, mais moins nombreux, plus petits et plus écologiques. Utilisons cette crise économique pour adopter un comportement durable, apprendre au monde tout ce que nous savons sur les centrales géothermiques, soutenir les nouvelles entreprises islandaises et les gens ordinaires. Cela aidera l’Islande à continuer à faire ce qu’elle sait faire de mieux : être une belle, une pure force de la nature.

Traduction de l’article paru dans The Times

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